Francis P o u l e n c sur Sergei P r o k o f'e v
- « Il avait une puissance nerveuse comme l’acier, ce qui fait qu’à ras de la touche il était capable de donner une sonorité d’une force et d’une intensité prodigieuse, et puis alors — cela je le recommande à tous les interprètes de Prokofiev — le tempo ne variait jamais, jamais. J’ai eu l’honneur de lui faire répéter tous ses concertos avant son départ pour l’Amérique, je lui ai fait répéter même le premier, qu’on ne joue jamais, qui est très joli et que Richter a enregistré. Je lui ai fait répéter le second, naturellement, le troisième et le cinquième. Nous répétions à la salle Gaveau. C'était au mois juin, nous commencions... enbras de chemise..., après, on supprimait la chemise...et puis on était finalement le torse nu... comme à Deauville. Le rythme de Prokofiev est un rythme implacable, et quelquefois, dans le Cinquième concerto, comme il y avait un passage très difficile, je disais à Serge : « Ça, c’est l’orchestre, je fais ce que je peux ». Il me disait : « Ça m’est égal, ne changez pas le mouvement… »
Francis Poulenc et Stéphane Audel, Moi et mes amis, Confidences recueillies par Stephane Audel. Paris-Geneva: La Palatine, 1963 pp.166-167.